Crédits photo : UBO/Enib

Riscorev est le nom d’un projet qui consiste à développer un outil de réalité virtuelle et augmentée pour sensibiliser aux risques côtiers. Il s’adresse aussi bien aux habitants et touristes qu’aux élus pour appuyer leurs décisions. Ce travail s’effectue en collaboration avec plusieurs établissements (UBO, Enib), des étudiants, et la communauté de communes Lesneven Côte des Légendes.

Interview de Pauline Letortu, enseignante chercheure en géographie (UBO), Riwalenn Ruault, ingénieure pédagogique (UBO) et Maxime Kernec, ingénieur développeur (UBO)

La présentation de Riscorev sur le site de l’IUEM

Le risque est conditionné aux aléas, comme les phénomènes naturels (météo, changement climatique …) et aux enjeux, autrement dit à la présence humaine exposée à ces aléas. Plus les deux paramètres augmentent, plus les risques de morts, blessures et dégâts matériels sont importants. En Bretagne et singulièrement en Finistère, nous sommes exposés à des risques côtiers qui varient selon les territoires : déplacements de dunes, submersion marine et érosion côtière. Ce sont surtout les deux derniers qui nous concernent. La submersion marine affecte régulièrement le littoral du Pays bigouden et du nord-Finistère. Quant à l’érosion, elle concerne certaines falaises dont les roches sont moins dures, notamment à Telgruc-sur-Mer, et là c’est le sentier du GR34 qui est menacé.

Développer la culture du risque en zone littorale

Les tragiques expériences vécues en Vendée lors de la tempête Xinthia nous démontrent que la population de la zone littorale – y compris les élus et élues – ont parfois peu conscience de l’importance d’un risque qui augmente inexorablement avec le changement climatique.
D’où l’idée du projet Riscorev qui réunit l’Université de Bretagne occidentale (UBO), en particulier son école universitaire de recherche en sciences et technologies marines ISblue, et l‘Enib (École nationale d’ingénieurs de Brest). Pendant trois ans, des étudiants en géographie (Master Egel) et de l’Enib participent avec les enseignants-chercheurs à la construction d’un outil immersif destiné à faire ressentir pleinement les situations de risque côtier.

L’apprentissage par la réalité virtuelle et la réalité augmentée

Inspiré notamment d’une expérience normande, Riscorev mêle la réalité virtuelle par la reconstitution en 3D de situations de risque plausible (vécues avec un casque) et la réalité augmentée qui fait apparaitre des éléments supplémentaires dans un décor réel par le biais d’un smartphone ou d’une tablette. La mixité des deux technologies permet non seulement une immersion dans une situation mais aussi la possibilité d’intervenir, d’interagir avec le milieu dans lequel on est plongé, pour véritablement apprendre de la situation virtuelle.

Le volet ingénierie pédagogique de Riscorev évalue d’ailleurs les méthodes les plus efficaces pour faire vraiment comprendre les risques et les conduites à tenir en cas d’événement. Les inspirations ne manquent pas non plus dans ce domaine, notamment via les jeux sérieux, lesquels sont cependant plutôt utilisés dans l’industrie, pour l’apprentissage des méthodes de travail.

L’implication du terrain : la Communauté Lesneven Côte des Légendes

La construction de l’outil est participative et c’est important si l’on veut impliquer réellement les populations concernées. Riscorev est un outil de prévention et d’aide à la décision. C’est la communauté de communes de Lesneven Côte des Légendes qui a été retenue, du fait de l’engagement de ses élus et parce que son territoire est concerné par le risque. Un scénario de l’outil concernera Guissény et la submersion marine. Dans un second temps, l’équipe de Riscorev se tournera aussi vers les falaises de Porsmilin à Plougonvelin pour un scénario d’érosion côtière.

Pour développer l’outil, l’équipe de l’UBO récolte les données déjà disponibles (mesures réalisées par les scientifiques depuis plusieurs années, en particulier les hauteurs d’eau atteintes) et d’autres mesures récoltées par les étudiants en géographie sur les terrain, avec les gestionnaires et les élus.

Dans les prochains mois, quand l’outil sera prêt à être expérimenté, des psychologues et spécialistes de la cognition pourront étudier les réactions des personnes utilisatrices de l’outil pour mesurer son impact en matière de comportement.