Şatellites est l’album éponyme du groupe israélien de six musiciens qui décrivent leur musique comme « perdue quelque part entre les ruelles mystérieuses d’Istanbul des années 70 et le soleil brûlant et la mer bleue cristalline de Jaffa, Tel Aviv ». On a eu la chance de les découvrir à l’occasion de la 44ème édition des Transmusicales de Rennes !

Satellites est un groupe rayonnant venant tout droit de la scène bouillonnante musicale de Tel-Aviv. Şatellites est l’album éponyme du groupe israélien de six musiciens qui décrivent leur musique comme “perdue quelque part entre les ruelles mystérieuses d’Istanbul des années 70 et le soleil brûlant et la mer bleue cristalline de Jaffa, Tel Aviv”. Ils ont construit leur son sur les sables mouvants du folk turc et du psychédélisme, nés de l’électrification du saz, un instrument à quatre cordes ressemblant à un luth. Dans les années 60, cet instrument a provoqué un glissement vers le rock et la musique psychédélique en s’inspirant des influences occidentales, mais en les mariant aux échelles du Moyen-Orient.

Bien que leur premier album éponyme contient principalement des reprises, il est un ajout à la richesse des nouveaux sons inspirés par les traditions du folk turc et du psych anatolien. C’est un autre groupe qui recontextualise une culture dans la même veine multinationale ou transcontinentale que Khruangbin, Altin Gün et Derya Yıldırım & Grup Şimşek. Avec le son d’un diwan saz comme pièce maîtresse, les dix chansons cherchent à faire revivre de vieux classiques turcs ainsi que des morceaux plus profonds avec un mélange satisfaisant de grooves agressifs et de mélodies contagieuses. Mais pas besoin de s’inquiéter, les puristes y trouveront également leur compte, les chansons ayant reçu une saveur du 21e siècle grâce à des synthés cosmiques tourbillonnants, tout en conservant l’esprit du genre.  Tout est là : le groove du funk, le rythme du disco, la réverbération du psychédélisme, le tout dans un rythme et une structure traditionnels du Moyen-Orient.

Ailleurs sur l’album, Satellites fusionne les interprétations et leurs propres chansons avec un enthousiasme contagieux qui ne rate jamais. L’ouverture instrumentale “Big Baglama”, pose le modèle avec le diwan saz devant un rythme disco et un synthé glam-pop. “Yar Oi” est tout aussi dynamique, et on se laisse entraîner par le jeu du saz-synthé et la voix implorante de la chanteuse. 

Il y a aussi le titre séduisant “Seni Sen Oldugun Icin Sevdim” qui est une preuve de la prise de risque de Satellites. Il s’agit d’un jazz-rock endiablé, mené par le saz de Kluger, qui plonge à mi-parcours dans une caverne psyché frissonnante avant que le riff ne réapparaisse, ce qui constitue un véritable moment ‘oh yeah’. Ensuite, il y a leur version revitalisante du traditionnel et très vénéré “Yagmur Yagar Tas Ustune”. Alors que les synthés bourdonnent et que la voix pure et cristalline de Yuli Shafriri brille, Satellites s’installe dans un mélange atmosphérique de dark folk et de rock alternatif sombre pour une ré imagination qui se termine par un tourbillon épique.

Dépoussiérer les classiques du rock-pop anatolien peut sembler un passage obligé, mais le groupe aborde la tâche avec un tel enthousiasme que la notion de reprise routinière n’entre jamais en ligne de compte. Psychedelic folk, prog rock, disco, funk ; quelle glorieuse liste d’ingrédients pour ce festin qu’est l’album.