À la fois atmosphérique et sombre, l’album Come Around reste fascinant et Carla dal Forno nous invite à explorer tous les aspects de sa vibe mystérieuse. 

Passant de Melbourne à Berlin puis à Londres et, plus récemment, de retour en Australie, Carla dal Forno a beaucoup travaillé seule. En plus de produire et d’enregistrer sa propre musique, elle a également lancé son propre label, Kallista (du nom d’une banlieue de Melbourne proche de la maison d’enfance de l’artiste). S’épanouissant dans l’indépendance, elle nous livre aujourd’hui Come Around, son troisième album et le plus abouti à ce jour.

Sa sincérité est la première chose qui transparaît dans le morceau d’ouverture “Side by Side”, dont les paroles d’une intimité palpable se reflètent avec une guitare basse, un synthé doux, quelques tambours programmés, et sa voix. Il s’agit d’une dreampop délicate rendue sans les couches de désorientation habituelles. La musique de Carla dal Forno se rapproche du minimalisme squelettique de HTRK, un autre groupe australien, aux voix sèches et suspendues à des lignes de basse glissantes, des percussions et des synthés éphémères.

L’exemple parfait de tout ça se trouve dans le morceau qui se nomme comme l’album, “Come Around” qui est la plus catchy du projet, un bijou presque trip-hop qui (contrairement à la plupart de ses titres) dégage de la chaleur. Lorsqu’elle chante les mots du titre sur “Come Around”, elle semble animée par l’opportunité de guider ses proches à travers ses parties préférées d’un endroit qu’elle appelle ‘chez elle’ – un sentiment réconfortant qu’elle transmet gracieusement à son public sans trop d’ambiguïté. Mais la dualité et la tension qui ont imprégné sa musique – la façon dont elle donne une impression de distance, de stylisation esthétique et de froideur, sont toujours présentes.

Aussi directe et séduisante qu’elle soit, il y a quelque chose dans la présentation éparse de “Come Around” qui la rend légèrement illusoire, comme si la chanteuse était en fait détachée de son environnement et jouait un scénario dans sa tête. Plus on avance dans l’album, plus on a l’impression d’être ramené vers l’intérieur, d’entrer dans un état dissociatif d’insomnie. Dès l’arrivée de “Stay Awake”, l’album se glisse dans un groove hypnotique, porté par certaines des lignes de basse les plus sublimes de dal Forno, qu’elle n’abandonne pas avant le méditatif “Deep Sleep”. Cette concentration ne fait pas que rendre l’album captivant, elle incarne subtilement l’espace mental isolé de dal Forno, et c’est “Slumber” , un duo avec le musicien anglais Thomas Bush, qui tente de le perturber.

À la fois atmosphérique et sombre, l’album Come Around reste fascinant et Carla dal Forno nous invite à explorer tous les aspects de sa vibe mystérieuse.