Carine Vadet-Perrot est dessinatrice de caractères, elle conçoit des lettres dans son atelier à Saint Evarzec pour que les entreprises, les organismes ou les associations communiquent avec le publique ou d’autres structures. Elle met l’accent sur l’impact visuel qui compte tout autant, voir plus, que le sens des mots. Elle nous raconte aussi ses travaux sur la restauration d’un ensemble de lettre du 18ème siècle. Sans alinéa, Carine nous explique comment on conçoit une lettre répond à tous nos points d’interrogations…

 

 

Il existe plein de façons de se dire « bonjour », il en existe une infinité pour se l’écrire…

 

Carine Vadet-Perrot est d’abord designer graphique car pour dessiner des lettres il faut d’abord savoir comment trouver des formes pertinentes par rapport aux usages ou à la destination du message écrit.

Elle conçoit des identités visuelles ou des supports d’expressions pour des entreprises. Il est nécessaire de s’intéresser aux lettres qui font partie intégrantes du message car elles véhiculent également le ton et les intentions du message de l’image. Si ce domaine semble pointu, il est dans les faits très accessible.

« les lettres sont partout, elles nous entourent » nous dit Carine.

Nous savons tous dessiner une lettre, c’est quelque chose, voire une des premières choses, que l’on apprend quand on est tout petit. On cherche notre style en grandissant et c’est quelque chose que l’on perfectionnera ou modifiera probablement toute notre vie. De ce fait, comme la voix, notre écriture est unique et fait partie de notre identité.

 

 

Les 3 domaines de l’écriture

 

La calligraphie, c’est « l’art de tracer les lettres » à la main dans un seul mouvement, peu importe l’outil qui est utilisé, ce qui compte c’est la gestuelle et la constance avec laquelle le dessinateur ou la dessinatrice opère. Il n’y a pas de reprise ou de gommage. Ainsi la forme de chaque lettres communique l’humeur de l’autrice ou l’auteur ou plus simplement aussi, à évaluer sa maîtrise de la discipline.

Le lettrage, c’est quand on « sculpte » la lettre. A l’instar d’un objet, cette pratique ne vise que les lettres dont on a besoin, c’est à usage unique comme pour concevoir un logo par exemple. Visuellement les lettres identifient le sujet et se ressemble mais chaque lettres peuvent avoir leurs propres petits détails.

La typographie, c’est un ensemble uniforme et cohérent de caractères qui sont dessinés selon des critères strictes, c’est ce que l’on appelle la police de caractères. Ce terme signifie « contrat », il vient de l’époque où l’on imprimait en plomb.

Un contrat commercial était établi entre le fondeur de caractères et l’imprimeur, ce contrat listait l’ensemble de ces caractères. Aujourd’hui ce terme a exactement la même valeur que pour « la police d’assurance ».

Cet ensemble de caractères n’est pas composé uniquement des 26 lettres de l’alphabet, il inclut également les signes de ponctuations, les accents, les symboles et bien évidement les chiffres. Cet ensemble peu contenir plus de 200 éléments.

 

 

Le casse-tête…

 

En typographie, il est important de connaître la destination des caractères, le designer doit savoir pour qui, pour quoi et pour quel usage est il destiné.

Contrairement aux deux autres domaines, les lettres de la typographie sont mobiles, et donc il doit respecter une normalisation basé sur seulement 2 caractères : le N et le O minuscule. Ces deux lettres sont représentatif de deux sortes de caractères car ils sont avec ou sans empattement, se sont les petites « pattes » au pied de la lettre que l’on voit ici : n et o .

elles possèdent aussi l’ADN des 24 autres caractères. Ensuite certains éléments comme la partie verticale gauche du N, appelé « le fut », sont des indices de constructions des autres lettres. Le fut prolongé vers le haut donne le h, et vers le bas combiné au O donne le p, l’épaule la partie droite du N donne le m, quand elle est doublée…

Ainsi naît un jeu de construction et d’enquête, de tests pour l’équilibre générale, la visibilité et vérifier qu’ils correspondent bien au cahier des charges établit au début du projet.

Grace à ce processus de construction, il est possible de restaurer des lettres imprimées avec des outils en plomb qui ont aujourd’hui disparu pour les utiliser avec un support numérique, c’est une tâche ardue car, une lettre scannée et augmentée 100 fois sa taille originale révèle plusieurs défaut : la qualité du papier qui à été trop marqué créant une ombre, l’encre qui a coulé, ou qui manque, autant de défi pour celle qui respecte un travail vieux parfois de plusieurs siècle.

Retrouvez le travaille de Carine Vadet-Perrot :

– restauration Issue de la typographie Beaudoire de 1857 : https://www.grainedepapier.com/index.php/portfolio_page/chlorophylle/

– son savoir faire :

https://www.grainedepapier.com/index.php/notre-savoir-faire/