Depuis 2013, QuinzeQuinze façonne sa propre musique « climatique » et descend un peu plus profondément dans le puits volcanique d’où émerge la puissance flamboyante de leur triptyque musical, visuel et narratif.

Apparemment à Radio Evasion on ne s’est toujours pas remis des Transmusicales de Rennes (ou on est tout simplement un tout petit peu à la bourre :), car voici la chronique sur le groupe QuinzeQuinze qu’on a pu découvrir au festival en décembre.

Depuis 2013, QuinzeQuinze façonne sa propre musique « climatique » et descend un peu plus profondément dans le puits volcanique d’où émerge la puissance flamboyante de leur triptyque musical, visuel et narratif. Portée par l’héritage tahitien de deux membres du groupe, ils introduisent l’orero ancestral (ce qui est l’art oratoire polynésien) avec les instruments percussifs traditionnels, les influences sud-américaines et caribéennes (comme le candombe et le calypso). Des productions électroniques futuristes, QuinzeQuinze donnent vie à un style narratif singulier et intemporel. 

Nevaneva, leur premier EP (2018) a fait preuve d’une ardente créativité, plaçant l’expérimentation au cœur de leur travail de production. Ces 5 inconditionnels du studio passent beaucoup de temps à constituer leur propre banque de sons, ce qui donne naissance à une musique aux textures riches et aux sons uniques, articulée autour de quatre voix nuancées. Avec ce premier projet, ces storytellers contemporains et gardiens de la mémoire  plongent l’auditeur dans la légende polynésienne de la création du monde, qu’ils réinterprètent à travers une poésie évocatrice. Aujourd’hui, c’est dans cette même incandescence qu’Ennio, Julia, Marvin, Robin et Tsi Min ont puisé l’énergie nécessaire à la création de leur dernier projet intitulé VĀRUA.

Composé de sept titres, QuinzeQuinze continue de nous en faire voir de toutes les couleurs avec sa pop expérimentale mystique et labyrinthique aux grooves déstructurés. Profondément ancré dans les traditions tahitiennes comme l’entrée en matière nommée “Le Soleil” avant d’embarquer vers des terrains pour les moins détraqués avec “ Muse” et “Les Restes” définitivement hypnotiques. 

A travers les morceaux, on peut s’imaginer naviguer dans les eaux polynésiennes avec la ballade troublante nommée “Le Bleu” avant de reprendre les rênes avec “Te Tiare”  et “Tapu Te Po” en guise de conclusion. Prouvant que QuinzeQuinze saura nous emmener dans des recoins mystérieux toujours aussi fascinants et originaux. 

QuinzeQuinze est aussi un groupe qui met beaucoup d’importance sur leur image et leur esthétique et ça se ressent sur tous leurs projets. Pour la conception de l’univers visuel de l’EP, ils ont voulu illustrer des thèmes cauchemardesques avec des moyens qui leur permettraient de les appréhender de manière sublime et fantastique. Tout comme parfois dans les chansons où les émotions se mélangent, leurs visuels tentent de créer des ponts entre le beau et le sombre. L’utilisation de la 3D leur semble intéressante car elle permet de créer des univers entiers. Les utilisations habituelles de la 3D sont tellement connotées qu’il suffit de les utiliser de manière inattendue pour que le spectateur ressente une perte de repères. 

L’album VĀRUA, qui signifie âme ou esprit en tahitien, est également la racine du mot Vārua’ino, désignant à la fois les mauvais esprits et les phénomènes célestes (le tonnerre, la pluie, les météorites et arc-en-ciel), éclairant alors d’un jour nouveau la véritable essence de ce dernier EP. L’ensemble du projet s’articule autour d’un ADN formé par les instruments percussifs traditionnels, le Ori deck, la bravade portée par la jeune scène underground tahitienne.

Ce groupe fascinant était sur scène le 9 décembre au Transmusicales et c’était super !