Balka Sound a créé son propre univers musical unique, ré-imaginant les rythmes traditionnels des Balkas congolais en s’inspirant des contes et paraboles traditionnels, des leçons de vie et des dégâts causés par l’exode rural vers les villes.

Balka Sound sort un album éponyme un peu spécial ! En fait, la sortie de cet album paraissait un peu improbable puisque les morceaux ont été enregistrés en 1980 mais le label Strut Recordings a rassemblé leurs enregistrements et dévoile une compilation dans un format album. Et pour la première fois, on va pouvoir écouter ces enregistrements sur toutes les plateformes de streaming et sur Bandcamp ! 

Originaire du Congo-Brazzaville et dirigé par le chanteur et joueur de ngonfi vénéré, Nkibi Albert (aussi connue comme “Lusialala”), Balka Sound a créé son propre univers musical unique, ré-imaginant les rythmes traditionnels des Balkas congolais avec des guitares électriques, des basses électriques et des tambours, ainsi que le ngonfi traditionnel à 5 cordes. Le ngonfi c’est quoi? Et bien c’était l’élément central du son du groupe qui est en fait un sorte de luth qui produit des sons légèrement étouffés et bourdonnants.

En 1979, lors d’un festival organisé par le Centre Culturel Français, le groupe décroche un contrat d’enregistrement pour sortir son premier album : Le 1er son du Balka, qui est enregistré en une seule prise. Le succès est tel qu’un deuxième album, Tu Kine Balka, est enregistré à Kinshasa en 1982. Un troisième album en 1984, Afro Musik Creation, présente un son plus moderne produit en studio.

Avec ses racines dans l’esclavage et le colonialisme, la rumba dominait la scène musicale au Congo, tandis que la philosophie de Balka Sound était de trouver son inspiration directement dans la vie rurale locale, d’associer le moderne et le traditionnel et de faire revivre les traditions populaires qui étaient en train de mourir. Henri Nsika Nkaya, membre fondateur, explique : “Il se voulait une actualisation, une unification et une internationalisation des cultures congolaises.” Leurs chansons s’inspirent des contes et paraboles traditionnels, des leçons de vie et des dégâts causés par l’exode rural vers les villes.

A travers l’album, on retrouve deux styles de production dans les morceaux. Beaucoup sont ancrés dans une basse et une batterie fortes et dynamiques, mais il y a aussi des guitares électriques et un saxophone ténor qui, quand combiné, créer un son de groupe complet. Il y a aussi les morceaux qui contiennent beaucoup de jams de guitare à l’improviste qui sont savoureux et percutants. D’autres morceaux, sans doute enregistrés plus tôt, mettent en valeur le ngonfi et la voix d’Albert avec un chœur de soutien. Ces chansons sont merveilleusement dansant et folkloriques mais avec une sensibilité pop dans l’arrangement – une marque de la mission de fusion de ce groupe. Dans les deux formats, le groupe fait preuve d’un rythme exubérant et d’une expression sans détour.

Les chansons sont à la fois profondes et amusantes et la chanson phare d’Albert, “Ah Lusialala”, est une “parodie de déclaration d’amour” qui est en fait pleine d’humour. Ailleurs, nous avons droit aux conseils posthumes d’un parent décédé à un enfant vivant, à un homme confronté à la mort et suppliant qu’on lui donne plus de temps, à des histoires d’amour entre adolescents, à une femme qui rejette le mariage, à des souvenirs nostalgiques de la vie au village et à une critique de ceux qui quittent cette vie rurale pour la ville. Bref, pour les fans de roots pop africaine, ce projet est une pure joie du début à la fin.