Dans cet album, Lucas Santtana utilise sa voix délicieuse et sereine pour chanter en plusieurs langues, le portugais, l’espagnol, l’anglais et le français, délivrant ainsi son message à un large public international. 

L’homme originaire de Bahia s’est fait connaître dans la vingtaine, lorsqu’il a été découvert par les superstars brésiliennes Gilberto Gil et Gaetano Veloso. Il a rapidement commencé à faire de la musique avec eux et les a suivis en tournée à travers l’Europe. Ces années de découvertes aux côtés des musiciens brésiliens les plus populaires l’ont amené à se familiariser avec la culture musicale non brésilienne, mais aussi à perfectionner les rythmes brésiliens. Le volume même de ses influences, dont les rythmes afro-brésiliens, la Motown, le funk, le métal brésilien (à la Sepultura) et l’electronica européenne, lui permettra de concevoir des textures sonores que personne d’autre n’aurait même envisagé. Tout cela a finalement fait de lui une référence dans la pop brésilienne contemporaine non seulement au Brésil, mais aussi dans le monde entier.

Et justement, O Paraíso est le fascinant neuvième album solo de Lucas Santtana. L’artiste utilise sa voix délicieuse et sereine, des rythmes brésiliens irrésistibles, une section d’instruments à vent colorés et, à l’occasion, des atmosphères et des échantillonnages de musique électronique finement élaborés. Tout ça pour célébrer la beauté de notre planète (le paradis) et l’urgence de la protéger. En parlant de la pandémie, Santtana explique: “C’est comme un message que nous a envoyé le règne animal face à une asphyxie annoncée depuis longtemps. Les inondations, les incendies, les sécheresses, les tsunamis, les moussons retardées, la fonte des glaciers et les marées noires sont des sonneries d’alarme que nous ne voulons pas entendre.”

Dans cet album, Lucas Santtana chante en plusieurs langues, portugais, espagnol, anglais et français, délivrant ainsi son message à un large public international. Il y a notamment le titre intitulé “La Biosphère” qui est en français. 

D’une douce voix de ténor, accompagné de son délicat jeu de guitare et d’instruments synthétiques habilement intégrés, Santanna chante de manière rêveur à la gloire de la nature et de notre place parmis elle. Dans “La biosphère”, il oppose le sauvage au ‘civilisé’, et le choix que nous avons à faire entre la vie et la mort. 

Ce thème de la nature arrive aussi à un tournant politique au Brésil avec l’élection récente qui a vu la victoire et le retour de Lula qui a été accueilli avec un élan d’optimisme et de joie. Ces dernières années, on a dû assister à des années corrompues, opportunistes et autoritaires de Bolsonaro, au cours desquelles la forêt amazonienne a été ouverte davantage à ceux qui veulent la détruire, ainsi que les populations indigènes qui luttent pour survivre contre la dégradation de leur territoire et de leur culture.

Le ton doux de la musique, séduisant et sensuel, incarne l’essence même des thèmes évoqués dans ses textes poétiques. Nous devrions tous, semble-t-il, prendre pour modèle le morceau “Fool on the Hill” de Paul McCartney, ou l’innocence est une forme de sagesse. Dans une reprise envoûtante de cette chanson, il est rejoint par la douce chanteuse française Flore Benguigui. Dans la chanson “No Interior de Tudo”, Santtana nous invite à nous connecter à nous même, en utilisant l’énergie de l’inconscient collectif qui se trouve sous la surface de l’océan. 

La sophistication poétique et intellectuelle de l’album est soigneusement encadrée dans un contexte musical qui séduit par sa simplicité presque enfantine. Les chansons de Santtana n’ont rien de surfait ni de baroque. Comme dans la plupart des meilleures musiques brésiliennes, la spiritualité est bien ancrée dans des rythmes de samba entraînants et une délicatesse débordante de magie.