Les plages sont vivantes ! C’est d’ailleurs le nom d’un programme de sciences participatives qui étudie aussi bien la laisse de mer que les comportements des humains sur cet espace naturel… Bretagne vivante y assure sa part, via des sorties éducatives scolaires ou le suivi d’espèces menacées comme les Gravelots à collier interrompu, des oiseaux qui pondent à même le sol. C’est l’occasion de nous rappeler qu’il faut faire attention et ne pas considérer la plage comme un simple espace de loisirs.

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Crédits photos : David Hemery

Réécoutez David Hémery, ornithologue de Bretagne vivante

Nous voyons souvent la plage comme un simple terrain de jeux et de loisirs et nous oublions qu’il s’agit d’abord d’un milieu naturel, avec une flore et une faune sauvage, des milliards d’autres êtres vivants (qu’on ne voit pas forcément à l’œil nu) et que tout cet écosystème vit en équilibre, fragile. Nos activités sont parfois délétères pour ce milieu ; on s’amuse et on oublie que les végétaux et les animaux sauvages de leur côté essaient surtout de survivre…

Plages vivantes, un programme de sciences participatives pour comprendre l’écosystème du littoral

Le programme de sciences participatives Plages vivantes comporte d’ailleurs un volet éducatif, notamment assuré par Bretagne vivante auprès des scolaires. L’ensemble du programme vise aussi à sensibiliser le grand public au fonctionnement de la plage comme milieu naturel. Des biologistes de la station de biologie marine de Concarneau étudient plus particulièrement la laisse de mer, cette bande de résidus organiques naturels laissés par les flots : cadavres d’animaux, algues arrachées, coquillages, et aussi des déchets issus des activités humaines (morceaux de plastiques surtout). Loin d’être « sale » cette laisse de mer est un garde-manger essentiel. Les microorganismes et invertébrés (comme les talitres ou « puces de mer ») décomposent les résidus et sont eux-mêmes consommés par de plus gros animaux comme les oiseaux. Les déjections iront aussi nourrir les plantes du littoral, juste selon leurs besoins (modestes). L’équilibre de cette chaine alimentaire est subtil, les activités humaines – notamment les déjections de chiens – perturbent cet équilibre aussi. Sans parler des laisses de mer enlevées à l’occasion des « nettoyages d’algues vertes »… Le programme Plages vivantes comprend d’ailleurs aussi un volet anthropologique qui s’intéresse à l’espace de la plage comme milieu « social » (de loisirs, tourisme ou d’expression artistique).

Il faut aussi comprendre que la dune et les plantes qui la font tenir ont aussi un rôle et qu’il est bien utile aux humains. La dune est en effet une digue naturelle et son couvert végétal comme son sable limitent l’érosion côtière.

Attention aux nids des gravelots en haut des plages de mars à juillet

Bretagne vivante intervient aussi en tant qu’expert scientifique et, en ce qui concerne David Hemery, pour le suivi des Gravelots à collier interrompu. Ces oiseaux – très menacés – se nourrissent grâce à la laisse de mer (ils sont omnivores). Ils ont aussi la particularité de venir sur nos plages pour se reproduire entre la mi-mars et la fin juillet. Comme ils pondent à même le sol, dans un léger creux, des œufs couleur sable, leurs pontes débouchent rarement sur des nichées. En plus des prédateurs naturels (autres oiseaux marins, corvidés, Faucons pèlerins et renards), les humains et les chiens ont leur part de responsabilité dans la destruction des œufs. D’autres oiseaux ont tendance à pondre au sol, comme le Grand gravelot, l’huîtrier-pie, les sternes…

Savoir profiter de la plage sans nuire au milieu

Voilà pourquoi il faut encore et toujours rappeler que profiter de la plage sans (trop) nuire à ce milieu implique quelques gestes :

  • Ne pas amener son chien sur une plage quand c’est interdit entre le 1er avril et le 30 septembre (ce n’est pas le cas de toutes les plages)
  • Tenir son chien en laisse, ne pas le laisser courir après les oiseaux
  • Au printemps et en été, marcher de préférence à marée basse quand il y a plus de place, et au printemps, éviter le haut de la plage
  • Dans les dunes, marcher sur les chemins balisés
  • Ne pas traverser un groupe d’oiseau (le contourner)
  • Ramener ses déchets après pique-nique ou partie de plage
  • Pour les opérations de nettoyage de plage, privilégier la saison froide (automne/hiver)

Pour en savoir plus sur les actions de Bretagne vivante en faveur du Gravelot à collier interrompu