Alors que les 4 autres albums sont plus axés sur le jam et l’ambiance, 11 utilise l’afrobeat, le reggae et des vibrations jazz créant un sentiment de spiritualité imprégnée de gospel. 

Le groupe un peu mystérieux et carrément fou, SAULT, ont fait l’impensable le 11 novembre dernier. Ils ont lâché 5 albums le même jour ! Donc 56 morceaux à travers 5 albums plus tard, je ne pouvais pas passer à côté, même 2 mois après leur sorties. 

Donc la vous devez vous demander de qui je parle et bien je parle du groupe SAULT (s,a,u,l,t) composé d’un ensemble de musiciens et de chanteurs avec comme chef le producteur et multi-instrumentiste Inflo. Je l’avais déjà mentionné dans un de mes sonars précédents sur Little Simz puisqu’il avait travaillé sur son album et avait fait des merveilles; et bas ici aussi c’est d’un très haut niveau. Malheureusement je ne vais pas pouvoir parler des 5 projets donc je me concentre sur l’un d’entre eux intitulé 11

Dans cette vaste réalisation, 11 se distingue des quatre autres albums par le fait que les chansons semblent un peu plus délibérément construites que certaines des autres collections ; les autres étant plus axées sur le jam et l’ambiance. Il y a des échos d’afrobeat et beaucoup de vibrations de jazz, mais le voyage du début à la fin de 11 est lié à un sentiment de spiritualité imprégnée de gospel. 

Une grosse ligne de basse et la voix décalée de Cleo Sol donnent le coup d’envoi dans “Glory”, un morceau statuaire qui plante bien le décor. Cette ligne de basse groovy et percutante est suivie par un breakdown rap de style ragga qui sonne comme une chanson complètement différente, avant que cette ligne de basse familière ne revienne contrôler le groove. 

Ce morceau vraiment sublime est suivi de 10 morceaux tout aussi envoûtants avec des goûts de soul, de hip-hop, de gospel, et de reggae. Par exemple dans l’intro du titre, “Morning Sun”, il sonne comme une aria gospel, mais lorsqu’il est répété dans le corps de la chanson, il a un côté reggae décontracté. La guitare fortement affectée mérite d’être mentionnée ici, car le délai et la réverbération dégoulinante complètent le son compressé. 

Un autre son de guitare qui mérite d’être souligné dans l’implacable est le funky “Together”. Un mur de wah-wah gémissant et de flanger qui se fraie un chemin joyeux derrière une section rythmique puissante. Le titre “Jack’s Gift » rompt légèrement le rythme du disque avec un maelström sans percussion et un piano électrique légèrement sci-fi. À la fois merveilleuse et effrayante, la partie parlée du morceau renvoie au fil conducteur d’une quête spirituelle.

Bref, il est difficile de repérer des thèmes unificateurs ou des approches qui s’étendent pleinement à travers les 5 projets. Mais ce qui est certain, c’est l’ampleur des sons que le groupe maîtrise avec une apparente facilité. Au fond, il s’agit d’une célébration des possibilités et de la démolition des frontières. Démolition par la maîtrise des percussions, des lignes de basse formidables et des moments subtils de joie profonde.

Quant à savoir pourquoi SAULT a décidé de sortir autant de musique en une seule fois et de manière aussi peu conventionnelle, la réponse est simple : parce qu’ils peuvent. Ils sont libérés du poids des attentes des maisons de disques et des contraintes, libres de faire ce qu’ils veulent. C’est une liberté née de leurs talents et de leur succès, et méritée avec excellence.