Bronze 0007 : fouille du dépôt du Bronze final de Kergaradec Gouesnac’h – photo Pierre Carrié

Après nous avoir fait découvrir la vie quotidienne à l’âge du Bronze, Muriel Fily, archéologue proto-historienne du Centre départemental d’archéologie nous raconte ce qu’on sait de la guerre à cette époque, entre 2200 et 800 avant JC.

Le site internet du Centre départemental d’archéologie du Finistère est situé au Faou

C’est entre 2200 et 800 avant Jésus-Christ qu’on parle d’âge du Bronze, en Armorique et dans l’essentiel de l’Europe. Les humains maîtrisent alors le fameux alliage d’étain et de cuivre qui va constituer une révolution technique, après celle de l’agriculture qui marque le début du néolithique (vers – 6000 environ). Le territoire qui deviendra la Bretagne et toute la péninsule Ouest du continent produisent de l’étain. Qui plus est, l’Armorique est située sur les routes commerciales maritimes (notamment sur le passage des « fournisseurs » de cuivre : Angleterre, Irlande et Espagne).

Une société et un territoire qui se structurent et se hiérarchisent

Dans ce territoire plutôt riche, il faut imaginer un peuplement par petits clans familiaux, avec des fermes ou ensembles de fermes de 300 à 400 hectares, déjà reliés par des voies proto-historiques. Qui dit développement économique dit changement des structures sociales. Placés le long des voies, les monuments funéraires – tumuli avec parfois du mobilier luxueux à l’intérieur – montrent qu’il existait à l’époque des personnes nettement « au-dessus » des autres.

Le territoire lui-même aussi se structure : champs en parcelles, de tailles variées, qu’il s’agisse d’enclos pour les animaux, de rotations de cultures, ou peut-être d’une division des terres qui suggère déjà une notion de propriété ? On ne sait pas exactement. Cela fait peu de temps que les archéologues trouvent et fouillent ces villages et on ignore encore la densité de la population à l’âge du Bronze.

De l’inégalité à la guerre

Et la guerre dans tout ça ? L’Iliade et L’Odyssée sont des guerres du Bronze final, même si les écrits d’ Homère sont postérieurs. On peut supposer que la figure du guerrier est déjà installée depuis plusieurs décennies.

La préhistorienne Marylène Patou-Mathis caractérise la guerre comme « méthodique et organisée, elle consiste à maîtriser l’emploi de la violence au sein de la communauté pour la tourner vers un ennemi extérieur ». Si on s’en tient à cette définition, on peut en effet parler de guerres à l’âge du Bronze.

Sur le terrain, les archéologues mettent au jour des armes : certaines sont toujours en pierre comme les pointes de flèches, les balles de fronde ou les haches, mais les armes en métal apparaissent, des armes d’attaque comme les poignards puis les épées, pointes de lances, encore des haches… Certaines de ces armes sont d’apparat ou en dépôt dont on ignore le sens : peut-être pour lancer ou cesser une guerre ? Mais la tracéologie identifie bien les coups réels portés et reçus par les armes, les casques et boucliers de l’âge du Bronze. A partir du Bronze moyen, les armes semblent servir de plus en plus.

La grande bataille de Tollense

12 000 restes humains (et des restes de chevaux) ont été retrouvés à Tollende en Allemagne au bord d’une rivière ; des squelettes transpercés par des pointes de flèches essentiellement. Vraisemblablement, les cadavres des combattants ont dérivé dans la rivière avant d’être conservés dans la vase avec nombre de couteaux, pointes de flèches… 27% des traces de blessures étaient en voie de guérison ce qui laisse aussi supposer que d’autres combats avaient eu lieu précédemment. Les analyses des dents des guerriers ont révélé que ces derniers venaient de partout en Europe. Mais on ignore totalement s’il s’agissait de guerriers de métier ou occasionnels et pour quelles raisons ils se sont affrontés. L’archéologie expérimentale peut permettre par ailleurs de retrouver les techniques de combat, y compris avec les protections (il y avait déjà des cuirasses à l’âge du Bronze, ainsi que les boucliers en bois dotés d’un umbo en métal). En Normandie, de très nombreuses balles de frondes ont été retrouvées le long d’une rivière dans la vallée de Seine mais pas de restes humains…

Autres traces de la guerre dans le territoire, les fortifications : en Armorique, on connaît les éperons barrés dont on voit encore les talus (comme celui de Lostmarc’h à Crozon) mais qui n’ont pas été fouillés donc on ignore depuis quand ils étaient en usage et comment (avec des réserves, un accès à l’eau qui permettrait une occupation pendant quelques temps ou simplement comme édifices ostentatoires). Il y avait déjà des habitats fortifiés de hauteur à l’âge du Bronze dans le Sud de la France : remparts, talus et tranchées.

Un rappel : si vous possédez un détecteur de métal, vous n’avez pas le droit de l’utiliser pour rechercher des objets archéologiques. Si cela vous arrivait par accident, ne déplacez pas l’objet trouvé et prévenez vote mairie ou le centre départemental d’archéologie du Faou.

En savoir plus sur l’âge du Bronze sur le site internet de l’Inrap

Réécoutez l’émission sur la vie quotidienne à l’âge du Bronze