Leur 17e album studio est si typiquement du style Yo La Tengo : Les guitares grinçantes et les voix murmurés d’Ira Kaplan et les ballades introspectives de Georgia Hubley sont tous deux au rendez-vous. 

En 1985, lorsque Yo La Tengo a sorti son premier single, “River of Water”, ils n’imaginaient probablement pas qu’ils allaient devenir, d’une manière discrète, l’un des groupes les plus importants et les plus durables de cette génération. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un classique, ce single porte bon nombre des marques de fabrique du groupe depuis ses débuts : la guitare entraînante et le chant murmuré du frontman du groupe d’Ira Kaplan, l’humour discret du titre et une reprise remarquablement bien choisie sur la face B, “A House Is Not a Motel” du groupe Love. 

Le groupe s’est rapidement amélioré et a commencé à produire d’excellents albums, repoussant les limites de leur identité sonore, évoluant d’un rock indé brut avec : “President” en 1989, à une pop alternative avec “Painful” en 1993, jusqu’à des travaux plus expérimentaux et atmosphériques en 2000. Depuis, leurs disques ont fusionné et basculent entre ces extrêmes, variant entre plus calmes ou plus forts, souvent au sein d’un même album.

Leur 17e album studio qui sort sur Matador Records est si typiquement du style Yo La Tengo: Les guitares grinçantes et les voix murmurées d’Ira Kaplan et les ballades introspectives de Georgia Hubley sont toutes deux au rendez-vous. Cette fois, le groupe a enregistré presque en direct – la plupart des neuf chansons sont composées de Kaplan, de la batteuse/chanteuse Hubley et du bassiste James McNew qui jouent ensemble dans la pièce – et le contraste entre Kaplan et Hubley est frappant. 

Même lorsque Kaplan tord sa guitare pour faire du bruit – sur le trois morceaux d’ouverture de “Sinatra Drive Breakdown”, “Fallout” et “Tonight’s Episode” – on a l’impression que Hubley joue avec des pinceaux, essayant d’être aussi discrète que possible, ce qui n’était pas trop le cas dans les projets précédents.

Le morceau “Tonight’s Episode”, a un mur de guitare ambiant avec des voix chantés qui nous rappellent la plus grande influence sur le groupe, The Velvet Underground. On entend cette influence à travers leur discographie et ils se sont inspirés pour créer de la musique en rapport avec le monde qui les entoure. 

Il y a quelques années, lorsque les confinements étaient la réalité de la vie, le cadeau de Yo La Tengo pour contrer l’air de malaise était We Have Amnesia Sometimes, une collection de pièces instrumentales ambiantes improvisées, toutes enregistrées autour d’un seul microphone dans leur local de répétition. Le penchant du groupe pour l’exploration est encore vital sur This Stupid World. Pourtant, après avoir vécu quelque temps dans le carnage actuel, Yo La Tengo a beaucoup à dire à ce sujet.

La plupart des albums de Yo La Tengo sont longs et comportent une bonne dose de chansons. Ce nouvel album choisit de réduire les morceaux au profit de jams prolongés qui sont plus proches de leur album classique de 2006, I Am Not Afraid of You and I Will Beat Your Ass, que de tout ce qui a été entendu depuis. La chanson titre est l’un de ces joyaux, avec Kaplan qui répète le refrain “ce monde stupide, ça me tue, ce monde stupide, c’est tout ce que nous avons.” Je suis carrément d’accord avec lui.