Cet album inédit découvert dans les archives du producteur Torsten Larsson, est un enregistrement datant de 2002 dans lequel les chanteurs folk sud-africains Vusi Mahlasela et Norman Zulu ont collaboré avec l’ensemble de jazz suédois Jive Connection. 

Cet album inédit découvert dans les archives du producteur Torsten Larsson, est un enregistrement datant de 2002 dans lequel les chanteurs folk sud-africains Vusi Mahlasela et Norman Zulu ont collaboré avec l’ensemble de jazz suédois Jive Connection. Comme un de mes sonars précédents, c’est une petite pépite qui apparaît pour la première fois plus de 20 après son enregistrement et c’est merveilleux. 

Ce qui faut savoir avec cet conection peut-etre un peu improbable c’est qu’en fait les liens entre l’Afrique du Sud et la Suède sont forts depuis longtemps, puisque la Suède étant l’une des nations européennes qui a le plus soutenu la lutte contre l’apartheid. Le gouvernement a notamment contribué à financer l’ANC pendant des décennies et Mandela a visité le pays lors de l’une de ses premières étapes européennes après sa libération de prison en 1990. Tout ça nous mène à Vusi Mahlasela. Très tôt, le jeune Vusi Mahlasela rejoint le Congrès national africain et prête sa voix puissante à la lutte contre le régime d’apartheid. Inspiré par la plume de l’auteur-compositeur radical Miriam Makeba et encadré par la romancière Nadine Gordimer, il utilise ses chansons et ses poèmes comme cris de ralliement pour la cause anti-apartheid. Il est affectueusement surnommé “La Voie” car on dit qu’il chante comme un oiseau. 

Outre son remarquable talent d’auteur-compositeur, Vusi Mahlasela possède l’une des voix les plus remarquables de la musique populaire contemporaine. Il a grandi en écoutant les gens chanter dans le pub local de sa grand-mère et a appris tout seul à jouer de la guitare. À l’adolescence, il a commencé à écrire ses propres chansons avec des paroles ayant une signification sociale, et son adhésion au Congress of the South African Writers en 1988 marque une nouvelle étape dans son processus de maturation artistique. Il explore le jazz et la musique traditionnelle sud-africains, ainsi que l’œuvre de l’auteur-compositeur chilien Victor Jara, qui, selon lui, est sa plus grande influence. 

Le morceau éponyme roots “Face to Face” est un exemple parfait de l’aisance et de la complémentarité qu’on les 3 entités sur ce morceau et dans l’entièreté de l’album. Cela peut s’expliquer par le fait que comme Mandela avant lui, Vusi a aussi un rapport important avec la Suède. Le pays nordique a été le théâtre d’une rencontre magique entre le chanteur et Jive Connection, l’un des meilleurs collectifs de jazz et de soul suédois de l’époque, dirigé par le batteur de Little Dragon, Erik Bodin. Se souvenant de cette expérience, l’instrumentiste raconte : “J’ai rencontré Vusi pour la première fois au début des années 90, lors d’un programme d’échange entre musiciens suédois et sud-africains. Il s’est alors imposé à moi comme un musicien très inspirant et curieux et ce fut le début de notre relation musicale créative.” 

L’association inhabituelle de ces différentes cultures a fonctionné à merveille, et le groupe international nouvellement formé a continué à tourner dans les villes du nord et dans certaines régions d’Afrique. Comme l’explique Bodin, l’approche authentique de Jive Connection a fusionné avec le son majestueux et la profonde sagesse de Mahlasela, ainsi qu’avec les voix de l’auteur-compositeur-interprète Norman Zulu pour un résultat merveilleux. Il raconte: “C’était un voyage fantastique de travailler avec Vusi et tous les musiciens suédois. Vusi et Norman Zulu ont appris aux Suédois à faire tous leurs chœurs dans toutes ces différentes langues sud-africaines. Je me souviens que j’étais tellement impressionné par la voix et les arrangements vocaux de Vusi.”

Cet enregistrement “perdu” met en évidence leur alchimie musicale naturelle. Les chansons de Vusi traitent traditionnellement de la lutte pour la liberté et du besoin de réconciliation et, ici, ses textes sont aussi puissants que jamais, allant de la parabole (“Prodigal Son”) à une complainte sans faille sur la maltraitance des enfants (“Faceless People”). Jive Connection varie la bande-son, apportant des touches de reggae, de jazz et de post-punk aux côtés des arrangements traditionnels des townships.