Écouter cet album, c’est comme tourner le bouton de la radio dans ta voiture et entendre des morceaux d’artistes tels que Crystal Castles, Frank Ocean, Prince, Oasis, David Bowie, Sun Ra, Tame Impala ou même Kanye West. 

Alors pour ceux qui ne connaissent pas Yves Tumor, et bien Yves Tumor fait ce que l’on pourrait définir comme de la musique rock, mais pas tellement dans la manière sonore traditionnelle pour lesquelles le genre est connu. Au contraire, Tumor fait de la musique rock à la manière du mouvement de la contre-culture dont la musique est issue, en mettant l’accent sur la créativité, l’invention et la production de sons qui font que les écoutes sont toujours mémorables. 

Par exemple, avec ses premiers albums, Serpent Music en 2016 et Safe In The Hands Of Love en 2018, le natif du Tennessee s’est fait un nom en tant qu’artiste bruitiste expérimental et star de la pop d’avant-garde. Puis arriva Heaven To A Tortured Mind en 2020, qui fut peut-être le premier aperçu des aspirations rock gigantesques du musicien, tissant des histoires de sexe, de diable et de dépravation soutenues par du glam rock. Leur nouvel album s’appelle Praise a Lord Who Chews But Which Does Not Consume; (Or Simply, Hot Between Worlds qui sort sur Warp Records.

A travers ces 12 nouveaux titres, le producteur expérimental et auteur-compositeur va encore plus loin, plongeant dans l’electronica, l’alt-pop, le garage et le punk pour aboutir à une collection de chansons à la fois bizarres et réjouissantes. Tous les morceaux de l’album, sauf trois, durent environ trois minutes et demie. Dans ce projet, Tumor cherche à trouver un équilibre plus tangible entre les styles plus conventionnels qui ont dominé leurs dernières sorties et ce qu’iel veut proposer de nouveau. 

Le morceau “Heaven Surrounds Us Like A Heart” démarre avec un riff de guitare inspiré des années 70 et une voix d’enfant qui suggère que “si tu meurs, ce n’est pas grave. Tu peux simplement redémarrer”, avant de s’enfoncer dans des mélodies pop-punk sombres. Il y a aussi les morceaux tels que “Lovely Sewer” et “Echolalia” qui sont similaires et mettent en évidence un doute de soi qui frôle la haine de soi, ainsi que la recherche d’un sentiment de paix intérieure tout en luttant contre une peur existentielle. Sur le plan sonore, les chansons partagent les mêmes rythmes musclés, presque frénétiques, mais mélangent des synthés, des cordes, des guitares et des harmonies vocales d’un grand effet. Tout au long de l’album, l’atmosphère de peur est ponctuée ou équilibrée par des mélodies accrocheuses et mémorables.

En surface, cet album canalise la philosophie du rock dans toute sa globalité, mais en fait son univers sonore comporte des points de repères réconfortants. Écouter cet album, c’est comme tourner le bouton de la radio dans ta voiture et entendre des morceaux d’artistes tels que Crystal Castles, Frank Ocean, Prince, Oasis, David Bowie, Sun Ra, Tame Impala ou même Kanye West. 

Dans de nombreux thèmes de l’album, Tumor remet en question les liens familiaux, la spiritualité, ainsi que la lutte avec une puissance supérieure. Dans “Meteora Blues”, il chante “Je prierai toujours à un ciel vide”, mais dans l’interlude de “Heaven Surrounds Us Like a Hood”, un enfant dit “J’aime la couleur bleue parce qu’elle est dans le ciel et que c’est là que se trouve Dieu”. Ce style d’écriture énigmatique, souvent contradictoire, est la raison pour laquelle iel est resté si mystérieux et séduisant. 

Cet album est la preuve que le rock peut être brillant lorsque l’ambition et le talent sont accompagnés d’un créateur qui n’a pas peur. J’ai presque envie de dire qu’on attend leur prochain projet avec impatience, mais pour l’instant profitons de celui-si.