Expérimental, ludique et complexe, le projet fusionne les voix, les instruments et les sons, à travers les géographies et les genres, créant des atmosphères éparses mais luxuriantes qui tournent autour du thème universel de l’amour.

Avec cet album collaboratif, on retrouve Tubatsi, Msaki et Clément Petit qui invitent l’auditeur et l’amant à voyager. Ici, les cœurs, les expériences et les sons se rencontrent, se déplacent et évoluent au fil d’un album inventif de neuf titres. Expérimental, ludique et complexe, le projet fusionne les voix, les instruments et les sons, à travers les géographies et les genres, créant des atmosphères éparses mais luxuriantes qui tournent autour du thème universel de l’amour.

Msaki, l’auteure-compositrice-interprète est aussi une organisatrice d’événements musicaux et artistiques dans son pays natal, l’Afrique du Sud. Elle collabore ici avec Tubatsi Mpho Moloi, un multi-instrumentiste de l’Urban Village de Soweto, dont l’album Udondolo, sorti en 2021, fusionne intelligemment le hip-hop et la house de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui. Ce projet avait la particularité d’avoir le rhythme zoulou qui faisait vibrer les foyers de travailleurs à l’époque de l’apartheid. Ils sont rejoints par le talentueux violoncelliste Clément Petit, un Parisien, qui assure une grande partie de l’accompagnement minimaliste d’un album de duos vocaux romantiques. 

En tant qu’habiles métamorphes musicaux, Synthetic Hearts (qui sort sur le label No Format!), mêle les sensibilités folk de Msaki et Tubatsi à des éléments électroniques, tandis que Petit fait ressortir des textures distinctes de son violoncelle tout au long de l’album. Ensemble, ils se tournent vers l’intérieur, dans un projet introspectif et conversationnel qui fait ressortir les émotions enfouies – pour considérer ce qui est partagé et privé dans le désordre de nos relations avec nous-mêmes et avec les autres. L’amour, le désir, la confusion, le chagrin, la tristesse et les questions sont ouverts et négociés dans des chansons qui vibrent de leur vulnérabilité pure, honnête et tendre.

Le morceau introductif de l’album “Subaleka” est doux et harmonieux. On peut entendre de l’anglais et du zoulou qui se mélangent magnifiquement sur une production lisse. L’appel glorieusement accrocheur – “come with me” – se développe à partir de voix contre un violoncelle pincé qui pourrait facilement faire partie d’une BO d’un film sur la nature.

Msaki et Tubatsi apportent tous deux des influences de leur travail solo distinct, puisant dans des styles aussi variés que le folk, le mbaqanga (un genre sud-africain mêlant le jazz à la musique zouloue), la pop et l’amapiano (un style de musique house sud-africaine). 

En écoutant ce projet, on sent bien que les artistes sont non seulement complémentaires mais surtout ils se laissent de l’espace entre pour s’exprimer. Chaque instrument est mis en valeur par des arrangements minimalistes, tandis que les voix de Msaki et Tubatsi – tour à tour harmonisées, rythmées et chantées – ont la possibilité de respirer et de s’épanouir. L’interaction entre la distance, la connexion et l’isolement se retrouve à la fois dans les paroles et dans les arrangements. Le morceau “Khanya” utilise le rythme pour imiter les battements de cœur, mis en avant encore plus sous la chaleur du violoncelle frotté et des voix superposées harmonisées qui effacent la distance entre l’auditeur et la chanson. Ailleurs, “Winter In July”, le seul morceau instrumental de l’album, construit un havre atmosphérique luxuriant ponctué de chants d’oiseaux et d’instruments scintillants. 

C’est un album surprenant, qui se contente d’être sincère, complexe, et subtil. Il montre le meilleur des prouesses des trois artistes et leur désir commun de faire de la musique qui touche les gens.