L'Union européenne décodée par Breizh Europe Finistère

Publié le 26/09/2023
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Chaque mois dans Lem, l'association Breizh Europe Finistère nous aide à comprendre les enjeux de la politique de l'Union européenne : analyses et interviews. 

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Cette année 2024, vous le savez très certainement, ce sont les élections européennes donc nous allons tâcher de vous informer sur l'actualité électorale de ce scrutin a chaque début de chronique.

Point sur les élections européennes avant juin 2024

Commençons dès à présent à parler des élections du côté français, puisque dans une prochaine chronique nous parlerons des élections avec un prisme davantage européen !
Vu les débats parfois caricaturaux, osons le mot, qui animent les partis, on est au regret de vous dire que pour le moment il n'y pas autant de fond qu'on pourrait l'espérer.
À ce stade, les partis français commencent en effet à annoncer les têtes de listes, mais n'ont pas encore de programme définitif, même s’il faut dire que certains sont plus avancés que d’autres.
Essayons de revenir sur ce qui s'est passé durant l'été. Pour être efficace on va être méthodique et balayer l'hémicycle du Parlement européen en commençant par l'extrême droite pour nous diriger vers l'extrême gauche.

À l'extrême droite nous avons déjà deux candidats déclarés : pour le RN Jordan Bardella, déjà eurodéputé. Ici la ligne politique ne change pas pour le moment, on oscille encore entre le thème migratoire et la revendication d'un nationalisme français.
Comme prévu, Marion Maréchal est tête de liste pour le parti Reconquête d'Éric Zemmour. Ici c'est assumé, le parti souhaite intégrer le groupe ECR au Parlement européen. ECR est un groupe réformiste qui promeut un conservatisme culturel tout en étant assez libéral sur les questions économiques. La présidente du Conseil italien Georgia Meloni s'occupe personnellement du rassemblement d'une grande coalition ECR pour 2024. Mais pour espérer s'y intégrer il y a un point fondamental à intégrer : être pro Ukraine, ce qui n'est pas franchement le cas de reconquête. 

Reconquête assume d'aller séduire Les Républicains et leurs électeurs, aujourd'hui LR n'a pas encore donné d'indication sur cette campagne. Le bruit court que ce serait soit François-Xavier Bellamy déjà eurodéputé et tête de liste en 2019 soit Michel Barnier négociateur en chef pour le Brexit. Affaire à suivre.

Pour Renaissance c'est comme LR, il n'y a pas encore de décision finale. Le bruit court qu'il s'agirait de Stéphane Séjourné, le leader de la totalité du groupe Renew au parlement ou alors Thierry Breton, actuel commissaire européen de la France.

À gauche ça se complique et tout repose sur des questions de perceptions politiques très importantes en effet. Par exemple LFI souhaitait partir avec une liste format Nupes, mais les Verts n'ont pas souhaité s'y joindre précisément vis à vis des désaccords frontaux sur les sujets européens. À ce titre les Verts ont annoncé Marie Toussaint comme tête liste et actuellement déjà eurodéputée. Le PS a longtemps tergiversé avant d'indiquer vouloir faire une liste autonome, même s’ils ont accepté – auprès des écologistes par ailleurs – de rencontrer LFI pour évoquer une obscure éventualité de dynamiques communes. Des représentants du PS, LFI et EELV se rencontrent donc début octobre pour un très éventuel rassemblement. Les communistes sont isolés par choix parce qu'ils refusent catégoriquement toute stratégie d'union du fait des trop vifs désaccords, mais ont un chef de fil déclaré : Léon Deffontaines. Les divisions de la gauche reposent notamment sur la vision de la guerre en Ukraine, mais aussi, et au-delà, de la construction même du projet européen, certains allant jusqu’à présenter le drapeau européen comme une forfaiture démocratique et se prononçant auprès des cadres du Rassemblement national contre les drapeaux européens sur les bâtiments publics nationaux.

Au milieu de ça, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann a annoncé sa candidature pour un nouveau mandat et a ouvert sa porte aux socialistes auprès desquels il exerce déjà depuis 5 ans.
Un collectif de jeunes de la Nupes, aussi, a élaboré 166 propositions pour mettre les partis au pied du mur et leur imposer l'union des listes de gauche, quoi qu’on en pense puisqu’on a déjà eu l’occasion d’expliquer que l'arithmétique d’une dynamique
d’union, aussi improbable paraisse-t-elle, n’était pas automatique tant les partis de la gauche française ont des choses différentes à dire et des dynamiques électorales parfois importantes pris seuls.Pour rajouter du bazar au bazar, les jeunes de la NUPES ont même menacé de partir seuls, ce qui est possible mais improbable, si la stratégie d'alliance n'aboutissait pas. Si LFI insiste autant pour l'Union, enfin, c'est sans doute surtout parce que l'extrême gauche française n'a jamais été tellement populaire au scrutin européen et cherche par ailleurs vraisemblablement à garder la mainmise sur la gauche française – mais l'a-t-elle vraiment...

On est un peu désolés de vous résumer la comme comme ceci, mais c'est la réalité du débat actuel. Promis, pour les prochaines chroniques, on s'engage à vous proposer de vrais axes de travail politique.

De nouveaux visages à la Commission européenne

Il est utile de rappeler qu’il y a eu cet été du mouvement chez les commissaires européens, un vrai jeu de chaises musicales même, puisque plusieurs commissaires ont démissionné de la Commission européenne, pour des raisons
différentes, notamment Franz Timmermans, premier vice président de la Commission en charge du Green Deal, qui se présente à la tête des Pays-Bas avec comme social-démocrate. Il y a aussi eu le remplacement de la commissaire bulgare qui avait précédemment quitté la Commission afin de briguer le poste de Premier ministre en Bulgarie. Il y a aussi l'une des commissaires les plus emblématiques, la danoise Margrethe Vestager, commissaire à la concurrence, qui a annoncé son retrait le temps de sa candidature à la Banque européenne d'investissement.

Green Deal et élargissement dans le discours sur l'état de l'Union

Après 4 ans de mandat, il était temps pour l'actuelle Commission de faire son bilan. Ainsi Ursula von der Leyen a dès le début souhaité faire valoir sa fierté d'être une femme à la tête d'une des plus grandes institutions du monde et d'avoir proposé des orientations très novatrices pour l'Union européenne et d'y avoir réussi.
Pour rappel, elle souhaitait faire de l'Union européenne un continent neutre en carbone grâce au Green Deal, rendre l'Union européenne géopolitique, c'est-à-dire capable de réagir aux événements mondiaux et tenir une place diplomatique importante. Si les événements l'ont aidé, il faut aussi reconnaître qu'elle a imposé sa patte dans les discussions diplomatiques au G7, au G20 ou encore à l’ONU etc.
À présent, l'Union européenne est moins le nain politique que l'on décrivait avant 2019.
Du discours sur l'État de l'Union, on retiendra surtout l'insistance de la présidente de l'exécutif sur le dossier Green Deal. En effet, il y a quelques mois, le Parti Populaire Européen PPE, avait tenté de déstabiliser la loi sur la restauration de la nature. Depuis, des dirigeants européens ont affirmé que les nouvelles mesures visant à tenir les objectifs du Green Deal devaient cesser un temps afin de ne pas tuer l'économie européenne. Ursula von der Leyen a souhaité rassurer le PPE, son camp politique, en annonçant un vaste chantier industriel qui s'inscrira dans les objectifs du Green Deal. En effet, l’un des enjeux de volet industriel est le manque de main d'œuvre et de main d'œuvre spécifiquement qualifiée dans les pôles en tension. Ainsi l'une des grandes annonces est la convocation d'un sommet sur le thème du dialogue social avec les partenaires sociaux européens. L'idée est de reprendre le modèle qu'avait initié Jacques Delors en 1985 à Val Duchesse.
La deuxième partie du discours et pas des moindres, c'est au sujet de l'élargissement de l'Union européenne. Il y a quelques mois nous vous parlions des évolutions à ce sujet. Différents sommets ont lieu régulièrement entre les États membres et les États souhaitant intégrer l'UE. Le débat sur l'élargissement s'étoffe et devient même l'un des objectifs de demain. La présidente a salué les efforts de l'Ukraine et affirmé que l'UE à 30 ou 35 pourrait être possible mais sans un travail sur la gouvernance européenne et éventuellement une refonte des traités. Selon la présidente de l'exécutif européen, l'élargissement devient un enjeu sécuritaire pour le continent, la guerre en Europe, en Ukraine le démontre bien. Ce qui va suivre est notre vision, l'élargissement n'est pas une provocation mais bien le droit de participer à un projet démocratique continental.En ce qui concerne la prochaine candidature à la présidence de la Commission européenne, on ne sait rien, ou en tout cas pas grand chose, au-delà des rumeurs et autres bruits de couloir. Toujours est-il que cette présidente aura donné un certain souffle à l'Union européenne d'abord, par son dynamisme, aussi par le fait de son sens du consensus, ou en tout cas du compromis. Constamment, elle est constamment allée chercher à droite comme à gauche, quitte souvent à prouver qu’elle savait mettre de côté son héritage politique. C'était intéressant à observer.

Le pacte immigration

Enfin, cela a à voir, et permet de faire le lien avec l'actualité très récente, la Commission européenne a annoncé lors de ce discours que le nouveau Pacte immigration allait être prêt à être amendé, voté et débattu, idéalement avant le scrutin du 9 juin 2024. Je me permets donc cet ajout. On pouvait bien sûr s'en douter, mais au regard des réactions des groupes politiques, ce Pacte est loin de faire l'unanimité notamment avec ce qu'il se passe en mer Méditerranée. Rappelons-le, Lampedusa relève d'un concours de circonstances dramatiques, parmi lesquelles la situation de détresse hydrique, environnementale, économique, terroriste et de répression politique dans plusieurs zones du Moyen-Orient et d’Afrique subsaharienne, mais encore la politique migratoire très violente dans le Maghreb et le Machrek, notamment nommément en Tunisie. Une chose est sûre, de nouveaux débats sur le thème migratoire vont avoir lieu à la fois au niveau national et européen. Ce Pacte, pour de nombreux observateurs, est pourtant un premier pas important dans la réponse au phénomène migratoire, puisqu’il prévoit le cadre légal à la répartition des migrants dans toute l’UE, ce qui justement soulagerait les pays en première ligne, comme l’Italie.
A suivre... nous restons en veille et vous disons donc à très bientôt avec Breizh Europe France.