Les arbres en Finistère et les leçons de la tempête Ciaran

Publié le 06/12/2023
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La tempête Ciaran a durement frappé les arbres dans le Finistère, en forêt ou en ville. Pourtant, nous aurons plus que jamais besoin d'eux face au changement climatique. Comment les planter et les entretenir à présent ? Quelques réponses avec Marc Pasqualini, forestier et élu du Faou. 

Même plusieurs semaines après la tempête Ciaran des 1er et 2 novembre 2023, on peut encore difficilement dresser un bilan des dégâts du vent sur les arbres. Dans les forêts publiques, l'Office national des forêts a constaté que certaines parcelles étaient presque entièrement détruites et que d'autres étaient quasiment intactes, sur des zones pourtant voisines. Il n'y a pas vraiment de logique même si globalement les résineux ont été plus touchés (cependant les feuillus qui étaient encore bien fournis en feuilles ont aussi été touchés en raison de leur prise au vent). Du fait des pluies, les racines ont moins bien résisté dans les sols détrempés. 

Des pertes en bois moindres qu'en 1987

En général, les dégâts restent cependant moindres que ceux de la tempête de 1987. En outre, en 2023, la filière bois bretonne s'est bien reconstituée et permettra de mieux exploiter les arbres à terre. Certaines zones peu accessibles seront cependant laissées en l'état et les arbres morts profiteront à la biodiversité des parcelles. D'autres arbres, comme les chênes, survivront même s'ils ont perdu leur houppier. 

Pour les promeneurs, les sentiers vont rouvrir peu à peu, avec une priorité pour les sentiers côtiers (certains seront accessibles dès les vacances de fin d'année). Pour la chasse, il n'y aura pas d'impact immédiat même si on a pu constater après 1987 que les éclaircissements avaient favorisé la prolifération des chevreuils.

Régénération naturelle et futaie irrégulière 

Quoi qu'il en soit, les forestiers apprennent au fil des tempêtes et font évoluer leurs pratiques. Après 1987, deux modèles ont été expérimentés pour faire renaître des parcelles : replanter totalement après avoir "labouré" et amendé le sol de la forêt ou bien laisser le sol en état avec des pousses naturelles auxquelles on ajoute quelques plantations. Avec le recul, c'est bien ce deuxième choix, la régénération naturelle, qui s'est avérée le plus efficace pour résister aux tempêtes suivantes (celles de 1999). 

Par ailleurs, d'autres formes de gestion forestière sont plus résistantes aux tempêtes comme la futaie irrégulière qui fait cohabiter des arbres de différentes essences et d'âges différents. Cette diversité offre plus de résistance mais a l'inconvénient d'être plus difficile à exploiter (les engins doivent passer plusieurs fois sur la parcelle pour des coupes étagées sur plusieurs années, ce qui abime aussi le sol). 

En tout cas en forêt publique on en a bel et bien fini avec les vastes monocultures de résineux.

Entretenir autrement les arbres en ville

La priorité c'est la sécurité de la population ; la tempête Ciaran a épargné les vies humaines mais pas les voitures ni certains bâtiments ; de "belles frayeurs" pourraient-elles remettre en question la présence des arbres en milieu urbain ? Ce serait une erreur tant les arbres en ville sont indispensables en période de réchauffement du climat : leur ombre et leur évapotranspiration régulent la température et font baisser la chaleur, leurs racines favorisent la rétention des eaux de ruissellement, et leurs silhouettes ou leurs branches apaisent même la circulation en réduisant la visibilité des automobilistes... Il faut cependant les tailler différemment pour limiter les chutes de branches (ou de troncs) tout en veillant à préserver le paysage ; de nombreuses entreprises spécialisées peuvent désormais intervenir auprès des communes en ce sens.